Gichin Funakoshi, le père du Shotokan

gichin funakoshi sensei

Gichin Funakoshi est entré dans l’histoire des arts martiaux en tant que fondateur d’un style de karaté aujourd’hui très répandu : le Shotokan.

Né dans l’ïle d’Okinawa en 1868, Funakoshi est âgé d’une quinzaine d’années lorsqu’il découvre le karaté.  A l’époque, l’art s’appelle Okinawa-té.  C’est grâce à un camarade de classe qu’il découvre le karaté.  Ce camarade n’est autre que le fils  d’un maître réputé dans l’île : maître Ankô Azato.

Le jeune Gichin insiste tellement que finalement Azato accepte de le prendre comme élève.  La chose n’est pas si simple car à l’époque, le karaté est encore un art plus ou moins confidentiel, et Azato lui-même ne compte que très peu d’élèves.
Au bout de quelques années, satisfait des progrès de Gichin, Azato le présente à un autre maître réputé : Ankô Itosu.  Nous sommes aux alentours de 1890 et Itosu a déjà en tête un grand projet : faire accepter le karaté dans les programmes d’éducation physique des écoles d’Okinawa.  Tout l’enseignement d’Itosu est fondé là-dessus.
Rendre le karaté accessible au plus grand nombre, et le rendre praticable par les enfants.

Funakoshi sera très sensible à cette vision des choses.  Devenu adulte, il s’engage dans la voie de l’enseignement et obtient un poste d’instituteur dans une école primaire.
Dans les années 1900-1905, le projet d’Itosu aboutit enfin : le karaté est officiellement inscrit dans les cours de gymnastique des écoles primaires et secondaires de la préfecture d’Okinawa et Funakoshi commence à enseigner aux jeunes enfants les katas Pinan (plus tard nommés Heian), spécialement créés pour eux
Mais Funakoshi n’est guère satisfait de sa situation sociale et économique Il nourrit le projet de quitter Okinawa et de se rendre à Tokyo pour tenter de diffuser le karaté auprès du grand public japonais
L’entreprise ne sera pas facile, et il le sait. Pour mettre toutes les chances de son côté, il décide dans un premier temps, de faire le tour de plusieurs écoles d’Okinawa pour apprendre de nombreux katas, issus de styles différents.  Ainsi il pourra démontrer à Tokyo tous les aspects techniques du karaté.

En 1922, l’aventure prend corps.  Funakoshi commence à donner des cours dans la capitale japonaise.  Ses élèves sont des intellectuels de tous bords et des universitaires.
Avec les années, la popularité de l’art martial venu d’Okinawa augmente.  En 1936, un comité de soutien créé par les élèves du maître réunit suffisamment de fonds pour entreprendre et achever la construction d’un dojo privé.  Par tradition, il faut donner un nom à ce dojo.  Puisqu’il s’agit du dojo de Funakoshi, autant l’appeler « Funakoshi dojo ».  Mais le maître a un surnom : Shoto.  Le comité décide alors de nommer le dojo « Shotokan », la « Maison de Shoto ».

Avec le temps, comme cela arrive souvent dans les arts martiaux japonais, le nom du dojo devient le nom du style qu’on y pratique.
L’année 1936 marque un tournant important dans la vie de Funakoshi.  Le maître d’Okinawa possède enfin un dojo personnel et peut donc entreprendre plus librement les recherches qui lui semblent nécessaires pour faire évoluer sa méthode.  Il décide tout d’abord de changer l’écriture du mot « karaté ».  Au lieu de l’écrire avec deux idéogrammes qui signifient « Main chinoise », il change le premier idéogramme et désormais son « karaté » se traduit par « Main vide ».
Puis Funakoshi s’attaque à la nomenclature technique et au programme des grades.

Enfin, il définit la dimension philosophique de sa pratique : le karaté n’est plus un « jutsu » (art de guerre) mais un « Do » (voie de réalisation de soi).  Le karaté-do est devenu une voie martiale à part entière.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le dojo Shotokan fut détruit, et la croissance du karaté s’arrêta temporairement.  La guerre terminée, des élèves de Funakoshi se regroupèrent, et en 1949 ils formèrent la JKA (Japan Karate Association) avec pour but d’ouvrir au karaté la voie du sport de compétition.
Funakoshi a refusé de soutenir cette idée mais fut quand même nommé « instructeur d’honneur », un honneur qu’il n’accepta jamais.
Karate-do et compétition n’étaient pas compatible à ses yeux.  Il a alors nommé comme son successeur, un « uchi deshi » (élève proche), qui suivait aussi les valeurs éthiques de l’art martial : Shigeru Egami.

En avril 1957, le ministère de l’éducation a reconnu officiellement la JKA.  Seize jours plus tard, à l’âge de 89 ans, Maître Funakoshi mourut.
Un grand mémorial public a été tenu à Ryogoku Kokugikan (Ryogoku National Sumo Hall), beaucoup de célébrités y sont venues témoigner leur respect. Un monument commémoratif pour Maître Funakoshi a été construit à Enkakuji Temple dans Kamakura.

L’objectif ultime du karaté ne se résume pas aux mots « victoire » et « défaite », mais consiste plutôt dans le polissage du caractère des pratiquants.
Telle était la philosophie de Gichin Funakoshi.

 

A propos Salvatore Baldacchino

Je pratique le karate Shotokan J.K.A. depuis 1976. J'ai atteint le grade de 5ème Dan JKA et j'enseigne depuis 1998 à l'Ecole Shotokan Karate-Do J.K.A. Bubishi en Belgique.
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